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L'assèchement de la mer d'Aral a affecté la Terre en profondeur
information fournie par AFP 07/04/2025 à 17:49

Le rivage de la mer d'Aral dans le nord-ouest de l'Ouzbékistan, le 26 septembre 2018 ( AFP / Sebastien BERGER )

Le rivage de la mer d'Aral dans le nord-ouest de l'Ouzbékistan, le 26 septembre 2018 ( AFP / Sebastien BERGER )

L'assèchement de la mer d'Aral, en Asie centrale, n'a pas seulement été une catastrophe écologique. Il a aussi affecté le mouvement des roches des dizaines de kilomètres sous la surface de la Terre, selon une étude publiée lundi.

"Il semble que l'humanité ait perturbé la tectonique des plaques juste pour améliorer les rendements de coton!", résume Simon Lamb, chercheur en géosciences à l'Université de Wellington (Nouvelle-Zélande) dans un article accompagnant la publication de cette étude dans Nature Geoscience.

Située à cheval entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, la mer d'Aral était jusqu'à la fin des années 1950 le quatrième plus grand lac du monde.

Le détournement de ses deux affluents, le Syr-Daria et l'Amou-Daria, principalement pour la culture du coton et du riz sous l'Union soviétique, l'a transformé essentiellement en désert de sable et de sel.

Une épave rouillée de bateau à Muynak, près de la mer d'Aral, dans le nord-ouest de l'Ouzbékistan, le 26 septembre 2018 ( AFP / Sebastien BERGER )

Une épave rouillée de bateau à Muynak, près de la mer d'Aral, dans le nord-ouest de l'Ouzbékistan, le 26 septembre 2018 ( AFP / Sebastien BERGER )

Entre 1960 et 2018, sa surface a diminué de 90% et son volume de 93%. Un "Tchernobyl silencieux" qui a eu "de profonds impacts écologiques et économiques", tuant de nombreuses espèces animales et mettant pratiquement fin aux activités humaines, rappellent les auteurs de l'étude.

Selon qui les conséquences de ce désastre ne se sont pas seulement limitées à la surface de la Terre, mais se font également sentir dans les profondeurs de notre planète.

- Asthénosphère -

Teng Wang, maître de conférences à l’École des sciences de la Terre et de l'espace de l'Université de Pékin, et ses collègues ont analysé la déformation du sol dans le bassin de la mer d'Aral entre 2016 et 2020.

Grâce à des radars, ils ont mesuré avec une précision millimétrique les différences de position du sol lors de passages répétés au-dessus de la zone des satellites Sentinel-1 du programme européen Copernicus.

Des épaves de navires rouillées le 4 août 2010 dans le village de Dzhambul (Kazakhstan) près de la mer d'Aral ( AFP / VYACHESLAV OSELEDKO )

Des épaves de navires rouillées le 4 août 2010 dans le village de Dzhambul (Kazakhstan) près de la mer d'Aral ( AFP / VYACHESLAV OSELEDKO )

Avant que la mer d'Aral ne rétrécisse, le poids de l'eau était suffisamment important pour faire s'enfoncer la croûte terrestre en dessous.

En quelques décennies seulement, 1.000 milliards de tonnes d'eau se sont évaporées. Les scientifiques s'attendaient donc à ce que la croûte "rebondisse" pendant que le lac s'asséchait, "comme un ressort comprimé qui a été relâché", explique M. Lamb.

Mais M. Wang et ses collègues ont constaté que l'ancien lit du lac continuait depuis à s'élever à un rythme moyen d'environ 7 millimètres par an, même après son assèchement. Et cette élévation est observée sur une large zone s'étendant jusqu'à 500 km du centre originel de la mer.

Selon leurs simulations, l'explication du phénomène se trouve à plus de 150 km sous la surface, dans l'asténosphère, une couche du manteau située sous la croûte rigide de la Terre. La roche chaude s'y déforme lentement sous la pression, faisant bouger les plaques tectoniques qui flottent au-dessus.

Du temps de sa splendeur, la longue pression exercée par la mer d'Aral a déplacé une partie de l'asténosphère.

Devenue un fluide extrêmement visqueux, cette roche est maintenant en train de revenir à l'emplacement qu'elle occupait avant l'existence du lac, à une vitesse comparable au mouvement des plaques tectoniques. Et elle continuera ainsi pendant de nombreuses décennies.

Ces résultats montrent comment l'activité humaine peut influencer la Terre jusque dans le manteau supérieur et, par conséquent, provoquer des changements à la surface, concluent les auteurs.

1 commentaire

  • 07 avril 17:56

    Benmonyeu !


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